Le cheik et le fils du Cheik d’Edith Maude Hull – les précurseurs de la Dark romance ?

Comme le point d’interrogation l’indique, c’est une question, pas une affirmation. À cette époque, en 1921, Le Cheik est considéré comme le roman d’origine d’un nouveau sous-genre littéraire : « la fabula du désert » (Desert romance en anglais). Ce type de roman reprend toujours la même trame, l’enlèvement d’une héroïne indépendante et au caractère bien trempé par un arabe autoritaire à la « beauté sauvage ». Les tentes, le désert et les oasis font partie intégrante des récits. Les romans les plus connus sont La captive du Sahara (1988) de Penelope Neri et La fiancée captive (1977) de Johanna Lindsey.

Quant à la Dark romance, elle se concentre sur une histoire d’amour (interdite, immorale, choquante,…) dans laquelle l’héroïne se fait malmener par le héros aussi bien sexuellement, que physiquement et psychologiquement. Rassurons les lectrices qui ne sont pas habituées à ce genre, souvent, ce type d’histoire se termine bien, car dans le mot Dark romance, il y a tout de même la particule romance, pardi !

Je ne vais pas débattre de la qualité ou de la légitimé de ce genre de romans, car chaque lectrice réagira différemment à sa lecture, certaines refuseront même d’avance d’en lire sous prétexte que la condition de la femme est bafouée.

Revenons-en à notre question : Le Cheick est-il un précurseur de la Dark romance? Oui et non…

Non, car les scènes de sexe souvent nombreuses dans la dark sont quasi inexistantes dans les romans Le Cheik et Le fils du Cheiképoque oblige…

Oui, car à la lecture des deux romans, le viol est tout de même sous-entendu à plusieurs reprises. La volonté de chaque héroïne (femme au caractère fort) est ainsi brisée jusqu’au moment où elle tombera folle amoureuse de son ravisseur.

En conclusion, je dirais que dans l’écriture, on se renouvelle sans cesse, mais on n’invente plus rien. Il ne faut pas oublier non plus que les œuvres d’Edith Maude Hull fête cette année cent ans d’existence. L’époque n’était certes pas la même. Afin de vous faire votre propre idée, voici la présentation ainsi que mon retour de lecture de ces deux romans.

Le cheik

Dans ce palace de Biskra, on ne parle que de miss Diana Mayo… Si belle et si froide, ne chérissant que sa liberté et prête à partir pour une longue randonnée dans le désert. Suprême inconvenance : elle n’aura pour compagnons qu’un guide indigène et ses chameliers. On crie au scandale, au danger !

Et le danger surgit, loin de Biskra déjà, quand des nomades attaquent. Diana est enlevée, emportée sur l’étalon noir du Cheik, le maître de la tribu. Le maître de Diana désormais…

Il est beau, altier, raffiné, qu’importe ! Diana subit ses étreintes avec honte et fureur.

Elle tente de fuir… Elle sera ramenée au camp par le Cheik, à nouveau prisonnière de ces bras détestés.

Son esprit se rebelle encore, mais son corps, lui, frémit d’un étrange bonheur…

Le fils du cheik

Dans leur somptueux camp du désert, le Cheik et Diana, la rebelle captive devenue une épouse comblée, ont vu leur bonheur croître à la naissance de 2 fils. Il y a 20 ans…

Mais aujourd’hui, ils attendent, pleins d’anxiété…

Ahmed, leur fougueux cadet, a disparu, se jetant dans quel péril ? Et Caryll, l’aîné, revient vers eux… Mais qui est Caryll qu’il a fallu tout jeune exiler en Angleterre, pour préserver un terrible secret familial ?

Ils seraient plus anxieux encore s’ils savaient qu’à Touggourt, les deux frères, sans se connaître, se sont affrontés pour une femme, Jasmin.

Ce sont des rivaux qui vont se faire face sous la tente du Cheik 

Mon avis :

Après avoir lu Le Cheik, autant enchaîner sur Le Fils du Cheick pour ne pas perdre le rythme.

Ah ! Comme j’admire cette femme qui dans les années 1900 avait déjà tout compris pour publier un succès commercial infaillible ! Le Cheik pourrait être le précurseur de ce que nous appelons à l’heure actuelle La Dark Romance. Massimo de 365 DNI, tu peux aller te coucher ! Le cheik est un homme sombre, viril et sensuel, un vrai mâle !

À l’époque de sa sortie, le roman fait scandale. La presse le classe comme un livre immoral, absurde et pornographique. Ce qui ne l’empêche de devenir best-seller l’année de sa sortie en 1921. Il s’est vendu à 1,2 million d’exemplaires à travers le monde et est toujours publié… et critiqué par les féministes.

En enchaînant sur une suite, six ans plus tard, et en reprenant la même intrigue que pour le premier tome, Edith Maude Hull montrait déjà un sens commercial admirable.

Elle a même poussé le bouchon plus loin en appelant un des fils du même nom que son père. Il reproduit avec exactitude l’attitude de son paternel envers les femmes : je te veux, je te prends et tu te tais ! et la donzelle se donne et se tait, avec une soumission qui ferait hurler les féministes. Disons que cette fois, le thème de la soumission serait plus cohérent puisque l’héroïne est orientale et non occidentale comme celle du premier roman. Mais tout de même, ces hommes du désert, de vrais chameaux !

Nous côtoyons dans ce second roman des jumeaux. L’un élevé avec ses parents, beau, fougueux, impétueux et parfois cruel, selon ses humeurs du jour. L’autre, british jusqu’au bout des ongles comme seuls peuvent l’être les véritables gentlemans.

Lecture vintage à posséder impérativement dans sa bibliothèque. Auteurs de romances historiques, voici le véritable modèle d’un auteur qui savait déjà comment captiver ses lectrices.

Jc

Extrait du dialogue entre Diana et le cheick :

-Pourquoi avez-vous fait ça ? 

-Parce que je vous voulais. Parce qu’un jour à Biskra, il y a quatre semaines, Je vous ai aperçue quelques instants, assez longtemps pour savoir que je vous voulais. Et ce que je veux, je le prends.

Extrait du dialogue entre ce que j’en dis :

-Quelle connasse ! Moi, je lui colle une gifle à ce mec.

et ce que j’en pense :

« Oh, que c’est excitant, oui, vas-y, prends-moi ! »

Je m’égare…

Au cinéma

Le cheik

Le Cheik (The Sheik) est un film muet américain d’amour et d’aventures réalisé par George Melford sorti aux États-Unis le 20 octobre 1921. Produit par la compagnie cinématographique Famous Players-Lasky Corporation/Paramount, il a pour vedette le « latin lover » Rudolph Valentino.

Le Fils du Cheik (titre original : The Son of the Sheik) est un film muet américain réalisé par George Fitzmaurice, sorti en 1926. Film posthume de Rudolph Valentino, mort brutalement à 31 ans, Le Fils du Cheik remporte un énorme succès, surpassant celui du premier film.

***

Comme j’aime les anecdotes, en voici une lue sur le site Montres de luxe :

Dans le film « Le Fils du Cheick » Rudolph Valentino porte une Tank de chez Cartier. Le célèbre acteur du cinéma muet Rudolph Valentino –dont ce fut le tout dernier rôle- parvint à convaincre le réalisateur George Fitzmaurice de conserver sa Tank au poignet lors du tournage. Probablement l’une des premières apparitions d’une montre de luxe dans un long-métrage.

***

E. M. Hull est le pseudonyme d’Edith Maude Winstanley née Henderson. Elle naît le 16 août 1880 au 28, Marlborough Hill à Londres où elle est la seule fille de James Henderson, un armateur britannique et sa femme canadienne Katie. Elle voyage beaucoup durant son enfance et visite notamment l’Algérie, un pays qui deviendra le cadre de son roman le plus célèbre.
Adolescente, elle fait la connaissance de Percy Winstanley Hull, un ingénieur civil de onze ans son aîné et originaire de Hazelwood dans le Derbyshire. Ils se marient en 1899 et ont une fille Cecil Winstanley Hull. Il s’installent à Hazelwood quelques années plus tard.
Pendant l’absence de son mari durant la Première Guerre mondiale, elle commence à écrire un roman pour combler son désœuvrement. Son manuscrit est accepté par un éditeur qui le publie en 1919 sous le nom de Le Cheik. Le livre devient est un best-seller, 1,2 millions d’exemplaires sont vendus à travers le monde. Avec ce roman, elle invente un nouveau sous-genre littéraire: « la fabula du désert » (« Desert romance » en v.o). Celle-ci relate la rencontre et l’histoire d’amour entre une anglaise de bonne famille et un arabe, « le plus souvent chef d’une tribu de nomades ».
Personnalité timide et retirée, Edith Maude Hull ne s’est pourtant jamais inquiétée de ce que pensait la presse sur elle et ses romans.
Elle meurt le 11 février 1947 après une courte maladie.

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